Connaissez-vous l’entreprise
American Apparel?
American Apparel est une
entreprise américaine qui fabrique des vêtements et des accessoires mode. Les
jeunes de 16 à 35 ans des régions urbaines sont son principal marché cible et,
ici, au Québec, on la cannait surtout pour ses publicités provocantes et sexy.
Lorsque American Apparel a
été crée, ses fondateurs étaient surtout fiers d’avoir lancé une marque de
vêtements fabriqués entièrement aux États-Unis, offrant d’excellentes
conditions de travail à tous ses employés, scrupuleuse dans le choix de ses
fournisseurs et utilisant du coton organique.
Mais, en 2004, lorsque son
PDG, Dov Charney,un montréalais d’origine, réalisa que l’image de marque d’entreprise
« sweatshop free » ne lui apportait pas les résultats de ventes
souhaités, il décida de changer complètement sa stratégie de promotion.
L’entreprise a alors choisi de mettre de l’avant une image d’entreprise séduisante
et jeune et de développer une nouvelle série de campagnes promotionnelles.
L’accent a été mis sur des publicités controversées mettant en vedettes des
mannequins de différentes origines ethniques, aux allures glamour, et aux
physiques atypiques.
Trois ans plus tard,
l’entreprise comptait 180 magasins et des revenus de plus 380 millions de
dollars.
Est-ce que l’entreprise a
délaissé pour autant sa conscience sociale pour céder à l’attrait du profit?
Pas du tout. American
Apparel vend toujours à ses consommateurs des vêtements écoresponsables
accompagnés de tous les effets bénéfiques pour notre environnement et
d’excellentes conditions salariales pour ses employés, mais aujourd’hui multipliées
par cent.
Ce que Dov Charney a compris
c’est qu’il est important de comprendre les raisons premières pour lesquelles
le consommateur moyen, et surtout les jeunes, achète des vêtements mode. C’est pour être cool, pour se démarquer, pour
provoquer et pour avoir l’impression d’appartenir à un groupe.
Vendre le plus de produits et
de services écologiques et responsables est l’objectif ultime pour préserver
notre environnement, mais les moyens pour y arriver peuvent varier. Mettre les
attributs verts au premier plan n’est pas nécessairement la meilleure
stratégie.
Lors de mes deux articles précédents, nous avons exploré ensemble les différentes catégories de
consommateur afin de savoir qui est Vert et qui ne l’est pas. Nous avons
ensuite identifié les freins et les barrières à l’adoption de comportements d’achat écoresponsables.
Maintenant, je souhaite vous
présenter les stratégies prometteuses que les responsables de l’étude The Red Papers ont identifiées pour
réduire le Green Gap et normaliser
les comportements verts dans nos sociétés.
Je vais encore le répéter,
réduire le Green Gap et comprendre les freins à l’adoption de comportements
d’achat écoresponsables sont des étapes essentielles pour assurer la croissance
de l’industrie des produits et des services verts et éviter, du même coup, la
catastrophe écologique.
Dans en premier temps, voici
les tendances qui ont été identifiées et qui vous mettront sur la bonne voie
afin de normaliser les comportements verts et contrer le scepticisme, la
confusion et le doute.
A) Le principe du plaisir – trouver le point G de vos
consommateurs
Lorsqu’un changement de
comportement prend réellement racine en faveur d’habitudes de vie plus
écoresponsables, c’est généralement parce qu’il touche une corde sensible et
émotive qui est associée à une source de plaisir, de validation et d’estime personnelle.
Bien plus fort que
l’altruisme et le sentiment d’accomplir des actions pour le bien commun, ce qui
nous motive vraiment, c’est la sensation de plaisir que nous ressentons à
réaliser une action pour le moment présent.
En tant qu’humains, nous sommes
attirés par ce qui nous procure du plaisir.
Dans plusieurs, cas les
messages de sensibilisation sont passés à côté d’une vérité essentielle.
« La privation, ce n’est pas durable »
Par contre, encourager quelque
chose qui procure du plaisir est beaucoup plus facile parce c’est quelque
chose, qu’en tant qu’humains, qu’on recherche naturellement.
À partir du moment où les
gens font l’expérience des gestes verts dans leur vie de tous les jours et qu’ils
y prennent plaisir, ceux-ci se forment rapidement une opinion de plus en plus
favorable face au mouvement vert. Le tout devient personnel et gratifiant et
ils choisissent librement de l’intégrer dans leurs habitudes.
Voici donc le premier pas
pour combler le Green Gap!
B) Contrebalancer le sentiment de culpabilité
Se sentir coupable, ce n’est
pas joyeux du tout!
Par contre, nous nous
sentons mieux lorsque nous avons le sentiment de contrebalancer notre
culpabilité par quelque chose de positif.
C’est un réflexe naturel
chez les gens de vouloir peser le pour et le contre de leurs choix pour arriver
à un équilibre ou un certain sentiment d’équité.
Par exemple, on se
dit :
« Je me permets de
manger ce gâteau au chocolat parce que je suis allé au gym ce matin »
« Ce n’est pas si grave
si j’ai acheté ce manteau à 500$ parce qu’il y avait un rabais de 50%
dessus! »
Le même principe peut s’appliquer
lorsque nous cherchons à calculer notre impact sur l’environnement.
« Je peux faire
quelques voyages en avion cette année parce que je me suis mis à un régime végétarien
et j’ai pris mon vélo pour aller travailler presque chaque jour. »
Encourager les gens à
rationaliser leurs comportements verts et non verts est un premier pas, mais un
pas important.
Ça amène les gens à intégrer
ce dialogue autour du développement durable au niveau des décisions de tous les
jours et ça aide à réduire le sentiment de culpabilité.
C) Faire partie de la gang
Plusieurs campagnes
promotionnelles visant à tous nous motiver à être plus verts n’ont pas
fonctionné. Trop souvent, la stratégie a été de penser que ce qui pouvait
motiver les Super Verts convertis devrait fonctionner avec le grand public.
Avez-vous déjà remarqué que
les approches pour vendre la marque de bière Coors Light au grand public étaient fort différentes de celles utilisées
pour rejoindre le marché beaucoup plus ciblé et restreint des amateurs de Guinness ou de Stella Artois. Alors pourquoi voudrait-on vendre le mouvement vert
aux clients de Walmart de la même
façon que ceux du restaurant Le Commensal.
Les Super Verts ont leurs
propres normes auxquelles ils choisissent d’adhérer avec enthousiasme, mais le
consommateur grand public a aussi ses propres normes et valeurs sociales. Il
s’agit de cette zone de confort où il peut se sentir accepté et partie prenante
de la société.
La majorité de gens ne
veulent pas se faire dire quoi faire, mais ils souhaitent se faire expliquer et
guider dans ce qui est normal et acceptable afin de choisir les comportements
appropriés à adopter. C’est le réflexe naturel de tout enfant qui arrive dans
une nouvelle classe et de la majorité des immigrants ou des voyageurs qui
arrivent dans un nouveau pays.
D) La Génération des Y
Le terme Génération Y désigne le groupe des
personnes nées entre 1980 et 1997 et ce groupe d’adolescents et de jeunes
adultes représente les consommateurs majoritaires de demain. Ce groupe
représente aussi la première génération à avoir grandi dans un monde écoconscient.
Ces jeunes sont nés bien
après que le Jour de la Terre ait été décrété en 1970. Ils ont commencé à être sensibilisés
à l’environnement et aux effets de la pollution dès l’âge de 3 ans. Ils
apportent leurs lunchs dans des sacs de plastique réutilisables, apprennent ce
qu’est l’entrepreneuriat social et l’agriculture bio.
Et pour eux, tout ça est normal.
Pour une majorité d’entre
eux, les changements climatiques représentent un des problèmes les plus sérieux
auquel nos sociétés devront s’attaquer et ils souhaitent massivement préserver
l’environnement pour les générations futures.
Encore mieux, pour la Génération des Y, le mouvement vert n’est pas associé principalement aux femmes
comme c’est le cas pour les générations précédentes.
L’entrée de la Génération
des Y dans la population des consommateurs grand public pourrait bien
représenter le point de rupture qui permettra de réduire significativement le
Green Gap.
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C’est le rôle des
professionnels des communications et du marketing d’anticiper les besoins des
consommateurs plutôt que d’y réagir une fois le fait accompli.
Les enjeux environnementaux
sont bien réels et le temps commence à manquer.
C’est maintenant qu’il est
temps d’engager les consommateurs dans un dialogue qui permettra de cocréer un
mouvement vert grand public.
Je crois qu’il est temps de
se réveiller et de sortir d’une vision trop souvent réduite à une approche de
marketing de niche véhiculant une image stéréotypée du client écolo. Il est
temps d’entrer dans une ère populiste et une approche grand public pour joindre
le consommateur de tous les jours.
Voici 12 actions que votre organisation ou votre
entreprise peut entreprendre pour normaliser les comportements d’achat
écoresponsables.
1. Normalisez le
mouvement vert
Lorsque les gens peuvent
voir qu’un comportement positif est normal et que tout le monde le fait, il y a
beaucoup plus de chances qu’ils choisissent de l’adopter par eux-mêmes et
de mettre leur confiance dans la sagesse du plus grand nombre.
2. Personnalisez votre
approche
Ne demandez pas à vos
clients ce qu’ils peuvent faire pour l’environnement, demandez-leur plutôt ce
que le mouvement vert peut faire pour eux... puis montrez-leur comment.
3. Développez des
produits verts par défaut
Si les produits deviennent
verts par défaut, vos clients n’auront plus à choisir de devenir verts.
Souvent, la meilleure chose
à faire pour faire progresser les achats écoresponsables, c'est d’éliminer le
fardeau des choix difficiles et complexes pour vos clients déjà sursollicités.
La commodité a toujours été une stratégie vendeuse et rendre les choix verts
simples et pratiques est un puissant incitatif.
4. Éliminez la taxe verte
Nous envoyons le mauvais
message en taxant les consommateurs pour leurs comportements verts en leur
faisant payer plus. Il faut chercher à réduire le prix des produits verts pour
les rendre plus compétitifs et moins élitistes.
5. Encouragez sans gêne
Il faut développer une
structure qui encouragera les consommateurs à gravir les échelons vers un mode
de vie plus écoresponsable. Il faut encourager les progrès et non la
perfection. Puisqu’il s’agit d’une aventure imparfaite que nous devons tous
entreprendre ensemble, autant le faire dans la joie et avec quelques récompenses
en chemin.
6. Punir intelligemment
Il y a plusieurs façons de
développer le sentiment de honte chez les gens afin de leur faire adopter un
bon comportement, mais utiliser les récompenses s’avèrent être beaucoup plus
puissant sur une base régulière. La honte et la culpabilité peuvent surtout
être efficaces chez ceux qui sont les plus fautifs sur le plan environnemental,
mais pour ceux qui font déjà de leur mieux, cette tactique peut avoir l’effet
contraire.
7. N’arrêtez jamais
d’innover
Des produits durables et
très performants sont nécessaires afin d'être acceptés par le grand public.
8. Laissez tomber le
stéréotype de l’écolo grano
Le marketing vert se doit
d’être « hip », mais pas hippie!
9. Rendre le mouvement
vert attrayant pour ces messieurs
Il faut que les hommes
trouvent leur compte, et leur égo, dans le mouvement vert.
10. Ramenez les enjeux du
développement durable à un niveau tangible pour tous.
La voie vers un mode de vie
écoresponsable est plus facile lorsqu’elle est visible et bien définie.
11. Simplifiez la
compréhension de vos actions et de votre engagement pour vos consommateurs
Être transparent,
authentique et développer des outils simples et efficaces pour faire des choix
éclairés est la meilleure façon de lutter contre l’écosepticisme et
l’écoconfusion.
12. Misez davantage sur
le plaisir que sur l’altruisme de vos consommateurs
Démontrez à quel point c’est
amusant de prendre le train du mouvement vert.
Vous pouvez visionner la
présentation des deux responsables de l’étude The Red Papers, Freya
Williams & Graceann Bennett lors d’un événement TEDx
(Attention, en Anglais seulement...)
(Attention, en Anglais seulement...)
Et vous, que faites-vous pour normaliser les
comportements et les achats verts?
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